Achevée en 2006, ma recherche doctorale s'est fixée comme objetcif de fournir de l'information régionale sur l'occupation préhispanique de la vallée du fleuve Quijos, et de documenter les patrons de production agricole et de consommation d'aliments de sa Période Tardive (500-1500 ap. J.-C. approximativement). Ces questions sont en relation avec l'intérêt de comprendre la formation de sociétés complexes dans la région, en particulier la base sur laquelle s'est créée la hiérarchie de chefferie. C'est dans cet objectif que j'ai mené à bien une prospection systématique sur une surface de 137 km², 15 fouilles de 2 x 1m pour l'exploration de la chronologie céramique, et 31 fouilles de 1 x 1m pour recueillir des échantillons botaniques pour l'analyse de polen, phytolites et macro-restes.

Ma recherche suggère que l'occupation sédentaire de la région commença vers 600 av. J.-C. (Période Archaïque 1), où les sites réduits et dispersés prédominent. Au cours de la Période Archaïque 2, qui débute vers l'année 100 av. J.-C., l'on ne remarque pas de changement appréciable en ce qui concerne la taille de la population, mais l'on observe une tendance vers une plus grande dispersion des sites d'occupation. Les changements les plus drastiques eurent lieux au cours de la Période Tardive, (500 à 1500 ap. J.-C.), alors que en plus de s'étendre littéralement dans chaque coin de l'aire d'étude, la population s'accrut de façon considérable. Plus intéressant encore: un noyau de population se forma dans chacune des trois sous-régions de l'aire d'étude. En ce qui concerne les patrons de production agricole et la  consommation d'aliments au cours de la Période Tardive, les analyses botaniques de sept sites différents ont mis en évidence une économie agraire non-spécialisée, ainsi que des patrons de consommation homogènes parmi les sites d'occupation étudiés. Par conséquent, bien qu'une certaine forme de distinction sociale semble s'être développée au cours de la Période Tardive, tel que l'illustrent les patrons d'occupation, celle-ci ne fut pas basée ou reflétée par des patrons différenciés de production agricole ou de consommation des aliments. Les théories qui suggèrent que les économies verticales ou que la spécialisation économique en général furent fondamentales dans la formation des sociétés complexes de la région andine ne s'appliquent donc pas à ce cas particulier. L'information recueillie au cours de mon tout dernier projet (en 2007), basée sur une étude menée à l'échelle de la communauté, servira pour étudier de façon plus détaillée comment surgirent les différences sociales, et quel est le rôle des nouvelles communautés et de leurs unités constitutives dans ce processus.